Le Saint-Adèle Lodge
Le site du parc de la famille est un lieu historique sur lequel on retrouvait autrefois le fameux hôtel Ste-Adèle Lodge. Ce bâtiment rappelle la venue du tourisme et le développement économique, culturel, sportif et social des Pays-d’en-Haut. Situé stratégiquement en plein centre-ville, l’emplacement bénéficie d’un positionnement géographique enviable, à deux pas du lac Rond et des côtes 40-80.
Au milieu du 19e siècle, un noyau villageois prend forme autour de la nouvelle église construite en 1852. L’arrivée du train en 1891 bouscule la vie des paysans préoccupés à survivre de l’agriculture sur une terre peu fertile. Le village se métamorphose au gré de l’arrivée des touristes.
Le château Legault
En 1910, Grégoire Rochon, un riche bourgeois de Montréal qui a fait fortune comme maître charretier, achète le « château Legault », comme les gens du village le surnomme. Le site prend place sur une partie du lot 9a, sur le rang 11. Rochon apporte de nombreuses modifications au bâtiment construit par Noé Legault en 1898.
La Maison blanche
Le nouvel aubergiste accueille dans sa maison ceux qui désirent y passer la nuit. Grégoire Rochon décède en 1927 et sa veuve vend l’auberge, l’année suivante, à Adélard Marin. L’hôtel prend le nom de la Maison blanche.
L’arrivée du premier « train de neige » à la gare de Mont-Rolland en 1928 amène son lot de skieurs qui se dirigent vers les sentiers pour le ski de randonnée ou vers les pentes pour rejoindre la côte du village de Sainte-Adèle. Des compétitions de saut à ski ont lieu tout en haut de la montagne de la côte 80, depuis le rocher sur lequel un tremplin est aménagé.
Théophile Huot, un petit gars de la place, qui a fait ses premiers pas en ski sur les pentes, est engagé en 1934 pour enseigner les rudiments de ce sport, pour le compte de l’hôtel de la Maison blanche.
Le Ste-Adèle Lodge
En 1939, Irene Maud Hutchings, épouse de Thomas G. Potter, un agent de courtage de Montréal, achète la Maison blanche ainsi que la côte 80, l’une des plus hautes montagnes des Pays-d’en-Haut. Les nouveaux propriétaires investissent massivement dans la construction d’un majestueux hôtel. Le tout nouveau Ste Adèle Lodge est inauguré en grande pompe le 13 décembre 1940. Trois pavillons sont construits autour d’une piscine à ciel ouvert. L’École de ski de Sainte-Adèle voit le jour.
Profitant d’un ralentissement du tourisme à Sainte-Agathe et à Sainte-Marguerite, Sainte-Adèle devient un lieu incontournable, aussi bien en hiver qu’en été. Le complexe hôtelier est fréquenté par des membres influents du milieu des affaires et de la classe politique du Québec et du Canada. Les Américains en font leur nouvelle destination. Potter ajoute, à quelques pas de l’hôtel, des chalets individuels qu’il loue aux touristes saisonniers. Il réaménage la montagne adjacente, qu’il nomme la 40.
Au début des années 1950, le complexe hôtelier est vendu au consortium dirigé par Vernon Cardy, qui possède déjà des hôtels à Montréal et aux États-Unis. Le magnat de l’industrie a acquis quelques années plus tôt le St-Margaret's Lodge et l'Alpine Inn, tous deux situés près de la gare de Sainte-Marguerite Station.
Après avoir restauré l’Alpine Inn en 1948, Cardy surveille attentivement depuis sa résidence de Val-David, les nouveaux travaux qui sont effectués au Ste. Adele Lodge. En 1952. Stanley Ferguson, hôtelier d’expérience, rejoint Cardy pour gérer les trois hôtels. Pour attirer les touristes l’hiver, le magnat fait aménager dans les montagnes, de nouvelles pistes de ski. La machine promotionnelle des hôtels Cardy fait son œuvre jusqu’à la fin des années 1960.
Le Ste Adele Lodge devient le Montclair
Avec l’arrivée de l’autoroute des Laurentides, Sainte-Adèle perd peu à peu de son attrait touristique tandis qu’une vague d’urbanisation s’amorce partout sur le territoire. Souhaitant maintenir les infrastructures en place, le site est racheté par un groupe dirigé par Roger Couillard, avantageusement connu au Québec dans le domaine hôtelier et touristique ainsi que dans la promotion du village de Sainte-Adèle. Le Ste- Adèle Lodge devient l’hôtel Montclair.
Dix ans plus tard, ne pouvant plus rivaliser avec les nouvelles destinations comme le Mont-Tremblant, l’hôtel est vendu, puis le site est morcelé. Au milieu des années 1980, l’hôtel peine à attirer des clients. Les dernières installations sont démolies. Les chalets sont mis en vente. En 2002, la ville de Saint-Adèle, qui s’était déjà porté acquéreur des côtes 40-80, récupère le terrain pour conserver le site et éviter une flambée immobilière.
Depuis, la ville de Sainte-Adèle a acquis le terrain et en a fait le pôle municipal du Parc de la famille, pour répondre aux besoins des citoyens en matière d’événements socio-culturels.
Le site présente un dénivelé naturel favorisant les arts de scène en plein air. L’organisation spatiale du lieu est intégrée au pôle récréotouristique de la municipalité et assure un lien avec le lac Rond et les pentes 40-80.
La topographie naturelle a été prise en compte lors de l’aménagement du lieu par les architectes paysagistes André Turcot et Florence Blanchard, de l’entreprise Plani-Cité en 2004.
L’aménagement du site du Parc de la Famille s’est mérité le premier prix Aménagement, catégorie Municipalité de moins de 20,000 habitants, lors du Colloque Les arts et la ville en 2007.
Tiré de l’Inventaire du ski dans les Pays-d’en-Haut réalisé par le Musée du ski des Laurentides.

BAnQ, Ste-Adèle Lodge, entre 1940 et 1945. Photo Edouard Comellas.


