Histoires de pêche
On considère le début de la colonisation des Laurentides autour de 1840 avec l’arpentage du canton d’Abercombie, devenu par la suite Saint-Sauveur, Piedmont, Sainte-Adèle et autres. À cette époque, on peut apercevoir des Algonquins aux abords des lacs poissonneux de la région.
À la demande du curé Félix-Antoine Labelle, le docteur Wilfrid Grignon arrive à Sainte-Adèle en 1878 pour pratiquer la médecine. Notre docteur est intimement lié aux débuts de la colonisation dans les Laurentides. Maire de Sainte-Adèle, il est animé par l’avancement de l’agriculture. Résidant sur la côte Morin, à quelques pas du lac Rond, il fait de la pêche un élément incontournable pour le développement du tourisme à Sainte-Adèle. Nos lacs se font connaître partout au Québec.
Un article paru dans le journal L’Avenir du Nord de 1902 raconte que l’on n’a jamais pris autant de poissons. « La semaine dernière au lac Renaud, nous naviguions tranquillement, trainant une ligne derrière nous, quand, à deux reprises, nous fîmes la capture de deux truites grises pesant chacune huit livres ». Les pêcheurs pratiquent aussi ce sport aux abords de la rivière aux Mulets, la rivière du Nord et le ruisseau Saint-Louis, entre autres plans d’eau.
En outre, la truite saumonée se déploie avec frénésie dans le lac Rond. Elle y est présente en si grand nombre que l’on raconte dans le journal l’Avenir du Nord, paru le 17 février 1933, qu’en ouvrant le robinet, « Jean-Baptiste Groulx s’étonna de ne pas avoir d’eau. Il défit la chantepleure et à sa grande surprise, il en retira une petite truite saumonée ».
Ensemencement et tournois de pêche
L’activité gagne en popularité, si bien que le lac Rond devient le premier lac public de la province du Québec à faire l’objet d’une attention spéciale. L’Office de biologie débarrasse alors le lac de ses poissons nuisibles et y déverse entre septembre 1945 et septembre 1947, pas moins de 10 000 truites. Un projet parrainé par le ministère de la Chasse et des Pêcheries permit d’ajouter, à titre d’expérience, 25 000 alevins afin d’observer leur acclimatation parmi les grosses truites déjà établies dans le lac.
Il va sans dire que de nombreux tournois de pêche s’organisent sur le territoire. Quelques décennies plus tard, l’Association des amis de la conservation des Pays-d’en-Haut tient toujours son tournoi annuel au lac Rond. Les Louis St-Onge, Jean-Guy Piché, Louis Kilberg, Johnny Marquis et plusieurs autres assurent la pérennité de cette activité, longtemps prise en charge par Maurice Aveline. Pour commémorer ces tournois de pêche, l’artiste Roch Therrien a réalisé, en 2016, une murale installée au parc Louis-Aubert, à l’intersection du chemin Chantecler et de la rue Morin.
L’activité n’a pas perdu de son engouement et la pêche sportive ouverte au public s’est depuis déplacée au parc de la Rivière Doncaster, où un ensemencement de 10 000 truites arc-en-ciel et mouchetées est effectué chaque année. Mais attention, il faut s’informer des règles en vigueur avant d’aller y taquiner le poisson!
Christiane Brault
Membre du comité patrimoine

La partie de pêche du docteur Wilfrid Grignon, 1907.
Histoire et archives Laurentides.



