Église Saint-Joseph-de-Mont-Rolland
Église Saint-Joseph de Mont-Rolland (1382 rue Saint-Jean)
Éléments historiques
Jean-Baptiste Rolland acquiert en 1902 les terrains riverains des chutes de la rivière du Nord et le lot 9B du 10ᵉ rang Abercombie de la North River Lumber & Pulp Company. Il amorce quelques semaines plus tard la construction de nouveaux bâtiments adjacents à l’ancienne usine.
Le village prend forme avec l’ouverture d’un magasin général, une boulangerie, une boucherie, un bureau de poste et un moulin à̀ scie. En parallèle, la Compagnie se fait construire de grandes demeures bourgeoises et participe à l’édification de maisons pour loger ses employés.
Le 18 juin 1913, en visite pastorale à l’usine de Mont-Rolland, monseigneur Paul Bruchési reçoit une demande des habitants pour construire une chapelle. La requête est accueillie favorablement par l’archevêque. Dès cet instant, le curé Armand Paiement, curé de la paroisse de Sainte-Adèle, part à la recherche du mobilier pour la nouvelle église.
Le syndic chargé d’édifier un nouveau lieu de culte retient en 1914 les services de l’architecte Joseph L. D. Lafrenière. Les propriétaires de la compagnie La Rolland s’engagent à̀ fournir tout le bois de construction, le plancher en bois franc, la tôle pour les couvertures, les clous, les boulons et la ferronnerie, la brique à cheminée et à payer le coût du « fret » sur le matériel fourni par l’entrepreneur.
Pendant plusieurs mois, toute la communauté́ est mobilisée pour ériger le nouveau bâtiment. Les cultivateurs et les ouvriers se mettent au travail et accomplissent les différentes tâches.
Bâti sur une fondation de ciment, le carré de l’église est construit en madrier de pin jaune de trois pouces d’épaisseur, embouveté́. Les cultivateurs et employés de l’usine transportent et fournissent certains matériaux.
À défaut de doter le village d’une église en pierre comme celle de Saint-Sauveur-des-Monts (1905), les dirigeants opte plutôt pour de la brique rougeâtre qui se veut un rappel de la manufacture de papier et des bâtiments institutionnels du secteur.
Le lieu de culte est prêt à temps pour la messe de Noël de 1914 mais les travaux extérieurs et la sacristie ne seront terminés qu’en 1918. La paroisse est érigée canoniquement en 1918 prend le nom de Saint-Joseph de Mont-Rolland.
La municipalité de Mont-Rolland qui compte 131 familles pour une population de 790 habitants se détache de celle de Sainte-Adèle pour former sa propre entité.
L’implantation
L’implantation du nouveau lieu de culte prend place en bordure de la rue Saint-Jean (autrefois rue de l’église), là où l’on retrouve les demeures bourgeoises ainsi que l’école Chante-au-vent (nommée autrefois école Saint-Georges) construite en 1923 et agrandie à plusieurs reprises.
Le quartier compte de nombreuses maisons érigées pour les cadres et les ouvriers, mais également des commerces, quelques établissements hôteliers et d'autres lieux d'hébergement, ainsi que des édifices institutionnels dont l’ancien presbytère paroissial et l’ancien collège Saint-Jean- Baptiste dirigé par les frères Maristes entre 1935 et 1972.
L’église Saint-Joseph de Mont-Rolland est construit d’après un plan rectangulaire, auquel s’ajoute en 1938, une sacristie. Les pans latéraux sont percés de six verrières historiées.
Les éléments architecturaux
Les composantes architecturales du bâtiment reprennent les caractéristiques de la typologie néo-géorgienne, qui succède au style baroque anglais. Le style géorgien se caractérise par ses proportions et son équilibre, sa symétrie et son adhésion aux règles classiques. Les matériaux les plus utilisés sont la brique et la pierre.
L’intégrité́ architecturale conceptuelle et physique de l’église Saint-Joseph de Mont-Rolland repose sur des valeurs et des éléments qui comprennent notamment :
- Le volume rectangulaire de l’église qui se termine par un chœur en saillie à chevet plat auquel est adossé la sacristie ;
- Les matériaux, dont le parement de briques polychromes de teinte rougeâtre, une caractéristique des usines et des maisons bourgeoises de la Rolland;
- Les contreforts disposés sur les murs latéraux qui jouent un rôle porteur pour les arcs;
- Les deux tours hexagones en demi hors-œuvre, leur clocher, les dômes et les éléments ornementaux;
- Une large croix, posée à l’intersection du faîte, qui surplombe une série de fenêtres en ogive;
- Le toit en tôle posé à la canadienne;
- Les fenêtres latérales en forme ogivale, leur disposition symétrique, les verrières, les soupiraux, les portes à̀ double vantaux et leur imposte cintrée;
En 1938, un nouveau portique est ajouté en façade. Les fenêtres d’origine, situées de part et d’autre de la porte principale, sont alors retirées et replacées de chaque côté du nouveau portique en encorbellement. On ajoute deux portes latérales.
Les vitraux du maitre verrier John O’Shea
Parmi les éléments distinctifs du bâtiment, notons les verrières réalisées dans l’atelier du maitre-verrier, d’origine irlandaise, John Patrick O’Shea de Montréal. La technique utilisée par l’artiste donne au verre une grisaille qui crée des ombrages que l’on peut observer dans les plis des tissus ainsi dans les médaillons. La représentation des apôtres s’inscrit dans la tradition.
Le tableau de la Sainte-Famille
George Delfosse est né 1869 à Mascouche. Il a grandi dans le manoir du dernier seigneur de Lachenaie, John Henry Pangman. Le père de Delfosse occupait le poste de régisseur sur la ferme du domaine. Delfosse étudie à l’Institut des beaux-arts de Montréal sous la direction de l’abbé́ Joseph Chabert, puis à l'Art Association de Montréal avec Wiliam Bryner et Edmond Dyonnet. Le peintre complète sa formation à Paris.
On dénombre plus de 200 toiles religieuses réalisées par l’artiste, destinées principalement à des églises du Québec et des États-Unis. La paroisse Saint-Joseph conserve un magnifique tableau La Sainte-famille acquis par Olivier Rolland 1919, qui en a fait don à la paroisse.
La valeur patrimoniale
Aujourd’hui, la valeur patrimoniale de l’église Saint-Joseph de Mont-Rolland repose sur son intérêt historique relatant le passé industriel des usines de fabrication de papier La Rolland.
Située au cœur du secteur de Mont-Rolland, l’église prend place sur le lot acquis par Stanislas-Jean-Baptiste Rolland, qui souhaite y ériger un village de compagnie comprenant tous les services nécessaires à l’intention de ses employés.
L’édification du lieu de culte en 1914 en fait de cette église un bâtiment centenaire. Du point de vue identitaire, il constitue un point de repère important dans la région.
Sa valeur architecturale repose sur le fait qu’il constitue l’une des rares lieux de culte présentant une typologie néo-géorgienne.
Depuis la citation du bâtiment en 2019, le lieu de culte a été vendu à l’église catholique des Maronites, qui constitue la plus importante communauté chrétienne au Liban.

Construction de l'église en 1913. Société d'histoire et de généalogie des Pays-d'en-Haut.





